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la patrie et une insulte à l’amour conjugal ! Pourquoi ne pas comprendre plutôt que ce témoignage de la reconnaissance publique, qui après tout avait son principe dans les institutions, avait pour but d’exalter le sens moral chez ces femmes, en leur faisant entendre qu’elles aussi avaient une part dans les destinées de la patrie grecque ? De nos jours, l’injure officielle les eût refoulées dans les immondices de leur temple : qui sait combien d’entre elles passèrent alors de la condition de courtisanes à celle plus honorée de compagnonnes ? Et certes, lorsque plus tard, vers le premier siècle de notre ère, tout se fut corrompu dans la société polythéiste ; quand la femme, épouse aussi bien que courtisane, parut à tous les degrés avilie, s’il était un moyen de réformer les mœurs, ce n’était pas sur ces matrones orgueilleuses et dépravées qu’on pouvait en faire l’essai ; c’était plutôt sur ces créatures du troisième rang dont le cœur, en quelque sorte purifié par l’excès même de la débauche, se rouvrait aux inspirations de l’amour chaste et de la vertu. L’Église n’a-t-elle pas eu ses Madeleine, ses Thaïs, ses Affre, qui, d’un seul bond, s’élevèrent des boues de la prostitution aux sublimités de la pénitence et du martyre ? Ô prêtres, que la politique non la pudeur de vos papes eut tant de peine à arracher au concubinage, vous ne connaissez rien à la religion ; car vous ne connaissez ni le cœur humain, ni la marche de la société, ni votre histoire.

XVI

Résumons ces faits, et faisons-en ressortir le développement et la série.

Le point de départ de l’institution du mariage et de la famille est la génération.

Exalté, transformé par l’idéalisme, cet instinct devient