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qu’au jour où la science, vérifiant les lois et purgeant les idées, convertit le préjugé en vérité positive. S’agit-il donc de suivre, sans examen, le préjugé établi ? Non certes, et l’on ne me reprochera pas d’avoir jamais donné pareil exemple. Mais récuser le préjugé sans l’entendre est de tous les préjugés le plus absurde, puisque, supposant des effets sans cause, des phénomènes sans réalité, des tendances sans but, une existence sans raison, il est la négation même des lois de l’intelligence.

Le préjugé de la famille et du mariage existe ; il est universel, et il paraît indestructible ; il est donné à priori par la génération, la distinction des sexes, l’amour et toutes les analogies de la Justice ; il forme avec la société un tout solidaire. Il y a donc quelque chose sous ce préjugé, et toute notre philosophie ne peut aller qu’à déterminer, avec le plus d’exactitude possible, ce quelque chose.

Passons donc sans plus de retard à l’examen des faits, témoignages plus ou moins exacts, mais authentiques, de la pensée universelle sur la constitution du mariage. Un premier aperçu de l’être humain, de son renouvellement par la génération, de sa sexualité, de son entraînement à l’amour, de la nécessité d’une intervention nouvelle de la Justice, nous a permis de poser le problème : voyons comment la pratique des nations l’a saisi. Il y aura bien du malheur si nous ne finissons par découvrir une parcelle de la vérité.

IX

Quel est d’abord le but, au moins apparent, du mariage ?

De l’aveu de tout le monde et à ne le considérer que du dehors, le mariage a pour but de pourvoir à ces trois grands intérêts : l’amour, la femme, la progéniture. C’est