Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/214

Cette page a été validée par deux contributeurs.

posons à priori que ces manifestations sont le produit des lois mêmes que nous cherchons, lesquelles lois ont ainsi pour expression la série des phénomènes.

C’est ce que nous avons explicitement déclaré, dès le commencement de ces Études, en posant ces axiomes :

Rien de nécessaire n’est rien ;

Rien ne peut être tiré de rien ni se réduire à rien ;

Rien ne se produit en vertu de rien ;

Rien ne tend à rien ;

Rien ne peut être balancé ou stabilisé par rien, etc.

Opérant sur ces principes, nous avons constaté que l’humanité marchait, par de longs et douloureux tâtonnements, à une constitution générale dont nous avons essayé de déterminer les principales parties.

Or, de même que nous avons supposé, puis démontré, par cette méthode d’observation, qu’il existait dans la société une constitution de la propriété, une constitution du travail, une constitution de l’État, une constitution de la raison publique, etc., nous supposons encore et nous démontrerons qu’il existe une constitution du mariage et de la famille, constitution qui naturellement ne s’est pas révélée du premier coup dans sa profondeur, mais qui d’abord se révèle dans la donnée première de la sexualité, puis se dégage peu à peu dans les formes de l’amour et du mariage, pratiquées, consacrées ou tolérées chez tous les peuples.

Que parle-t-on ici de préjugé ? On s’étonne qu’ayant nié, d’une façon assez énergique, propriété, gouvernement, religion, j’aie conservé toujours un certain respect pour le mariage, de tous les préjugés, pense-t-on, le moins respectable, j’ajoute, le moins défendu par la démocratie moderne.

Mais tout est préjugé dans les institutions humaines, c’est-à-dire jugement provisoire, præ-judicatum, jus-