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avant la dignité de l’épouse. Que ne remontait-il plus haut, dans ma vie de garçon ? il y eût trouvé son affaire, et il aurait échappé à l’indignité d’outrager une femme.

Qu’il me suffise donc à mon tour de dire, pour celle qui ne devait jamais figurer dans ce honteux débat, que mon incarcération a eu lieu le 4 juin 1849, ma première sortie le 26 décembre de la même année, pour une assemblée du Peuple ; ma seconde sortie huit jours après, pour la célébration de mon mariage, et que mon premier enfant est venu au monde le 18 octobre 1850, comme on peut le vérifier sur les registres de la mairie du 12e arrondissement.

Quant à ce qui est de la bénédiction ecclésiastique et du baptême, je n’y eusse point répugné, peut-être, avant 1848, à une époque où l’esprit de tolérance qui animait tous les citoyens et s’imposait au clergé faisait de cette cérémonie la chose la plus insignifiante pour un philosophe. Après la réaction de 1848, 1849, 1850 et 1851, j’ai cru qu’il m’était défendu de transiger avec qui me proscrivait, et j’ai mis autant de religion à m’abstenir que j’eusse mis de condescendance, dix années auparavant, à m’exécuter.

Mon mariage, Monseigneur, bien qu’il n’ait pas été contracté devant l’Église, et précisément parce qu’il n’a pas été contracté devant elle, a été l’acte de ma vie le plus libre, le plus réfléchi, le plus désintéressé, le plus dégagé de tout motif d’ambition, de caprice, de passion ou de contrainte, le plus pur, de quelque côté que je l’envisage, et j’ose dire pour cette raison le plus digne et le plus méritoire. Que la satire dénonce les galanteries d’un individu, c’est déjà une atteinte à la vie privée que rien n’excuse ; dès qu’elle touche au mariage elle devient sacrilége, et elle donne droit à la plus énergique répression. Comme il s’agit d’une autre réputation que de la