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durera pas toujours, et nous hériterons de sa position. Mieux vaut attendre que risquer de tout perdre. — Aussi, comme, en attaquant l’Église, on a soin de ménager le monopole ! On ne veut pas d’une pédagogie qui formerait l’homme pour lui-même, en l’affranchissant de tout préjugé, de tout dogmatisme, de toute hallucination transcendantale. On craindrait, si l’esprit de la jeunesse devenait libre, qu’il n’y eût plus d’emploi pour les génies qui s’arrogent le gouvernement de l’âge viril. La dépravation de l’enfant est le gage de la servilité de l’adulte.

Je traiterai de l’enseignement industriel dans la VIe Étude.


CHAPITRE IV.

L’homme au sein de la nature.

XXIX

Jusqu’ici nous avons considéré les mœurs de l’humanité comme formant une section à part dans la constitution de l’univers.

Mais la raison dit, et c’est une des plus belles intuitions de la philosophie moderne, que la morale humaine est partie intégrante de l’ordre universel ; de sorte que, malgré des discordances, plus apparentes que réelles, que la science doit apprendre à concilier, les lois de l’une sont aussi celles de l’autre.

De ce point de vue supérieur, l’homme et la nature, le monde de la liberté et le monde de la fatalité, forment un tout harmonique : la matière et l’esprit sont d’accord pour constituer l’humanité et tout ce qui l’environne des mêmes éléments, soumis aux mêmes lois.