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tard remplacer son père ; — mais de l’individu de condition supérieure à celui de condition inférieure, si le second ne doit jamais s’élever au niveau du premier, sauf la faveur du prince ou la prédestination de Dieu ?

Quel respect du noble au roturier ?

Quel respect du riche au pauvre ?

Quel respect du bourgeois maître-juré au prolétaire qu’il salarie ?

Quel respect de l’officier élevé à grands frais, dans les écoles spéciales de l’État, pour les grades et pour la gloire, au conscrit qui ne sait pas lire et ne demande que son congé ?

Quel respect du croyant au libre-penseur, du théologien de la Sacrée-Congrégation au philosophe dont il condamne les écrits ?…

M. Guizot, qui a toujours de grands mots à son service quand il s’agit d’affirmer une contre-vérité, a osé écrire :

« Le catholicisme est la plus grande et la plus sainte école de respect que le monde ait eue. »

Oui, si par respect vous entendez les salutations, génuflexions, et toutes les grimaces de la civilité puérile et chrétienne. Le suprême bon ton pour un grand seigneur n’est-il pas de savoir dire bonjour ! en autant de manières différentes qu’il y a de degrés sur l’échelle hiérarchique ? M. Guizot appelle cette science de simagrées respect ! Pour nous, hommes de la Révolution, c’est de l’insolence. Hélas ! la dynastie d’Orléans régnerait encore si son premier ministre, quand il montait à la tribune, n’avait pas eu deux façons de saluer, si M. Guizot ne s’était courbé si bas en parlant du roi, tandis qu’il se tenait si raide en répondant à la nation….

XXVI

Mais je m’aperçois que nous ne nous entendons plus.