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d’être et cesse d’exister ; si elle reconnaît, en dehors du commandement divin, une différence entre le bien et le mal, elle cesse d’exister ; si elle a l’intelligence et le respect de la liberté, elle cesse encore d’exister. L’Église nie donc la suffisance de la conscience et la réalité de la Justice ; elle nie la justification de l’humanité par elle-même ; elle nie la distinction subjective du bien et du mal, et elle accuse la liberté, qu’elle ne comprend pas, d’être l’ennemie de Dieu. De là, en premier lieu, le pyrrhonisme moral qui, sous prétexte de sanction divine, fait le fond de toute théologie ; de là, ensuite, ce régime d’autorité et de discipline par lequel l’Église entreprend de contraindre au bien des natures lâches et déchues ; de là enfin, lorsque la foi religieuse vient à s’éteindre, la corruption et l’esprit de tyrannie qui s’emparent de toute nation en qui la critique, ayant tué la religion, a laissé la morale sans fondements. Comment alors relever la société affaissée ? Sera-ce par la Justice, dont la notion, en dehors de la théologie, existe à peine, et qu’une si longue préoccupation du sujet divin empêche de sentir ; ou par la liberté, dont le mystère est encore plus impénétrable, et que nient formellement les philosophes ? Les nations anciennes ont succombé devant le problème ; et nous sommes menacés d’y succomber à notre tour. — Ici de nouveau la Révolution se lève : elle démontre contre le pyrrhonisme idéologique, la réalité et l’efficacité du sens moral ; contre les sophismes de la raison d’Église et de la raison d’État, la certitude de la distinction du bien et du mal ; contre le fatalisme des philosophes et la mythologie de la révélation, la nature et la fonction de la liberté.]


Chap. Ier. — Objections des théologiens : Qu’il s’agit bien moins de donner les formules de la Justice que d’en procurer l’observance, laquelle ne se peut passer de religion. 413.

Chap. II. — Réfutation du pyrrhonisme théologique : réalité du sens moral. 426.

Chap. III. — De la distinction du bien et du mal. 444.

Chap. IV. — Du franc arbitre. — Marche de l’idée. 464.

Descartes. 466.
Spinoza. 470.
Leibnitz. 477.
Autres philosophes 482.

Chap. V. — Nature et fonction de la liberté. 502.


fin de la table.