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vent naître que par la cessation du mythe, par le retour de l’âme à soi, ce qui est, à proprement parler, la fin du règne de Dieu.

Ainsi l’homme, en tant qu’il obéit à sa raison connue comme telle, est moral ; et il le deviendra d’autant plus que, sa raison s’étendant chaque jour davantage, il en embrassera la loi avec un courage plus viril. Sa maxime de vertu est : Les œuvres, sans la foi.

Mais en tant que l’homme suit sa vision religieuse prise pour un commandement supérieur, je dis qu’il est immoral ; et, comme il ne peut pas plus s’arrêter dans la fable que dans la vérité, son immoralité sera d’autant plus profonde qu’il servira son idole avec un plus complet abandon de lui-même, avec une plus entière religion. Le dernier mot de sa piété sera ainsi : La foi sans les œuvres.

Duplicité de la conscience, c’est-à-dire anéantissement de la conscience, tel est l’écueil fatal de toute église, de toute religion. Ce que l’on nomme esprit de parti, esprit de secte, de caste, de corporation, d’école, de système, aussi bien que l’esprit théologique, aboutit là…

Or, la conscience détruite, la Justice abîmée, cause occasionnelle de la raison théologique, la religion s’évanouit à son tour et fait place à l’athéisme, non plus cet athéisme scientifique qui consiste, dans l’intérêt de la vérité et de la Justice, à éliminer de la conscience toute considération de l’ordre surnaturel ; mais cet athéisme père du crime, particulier aux sujets à qui l’on a enseigné que la religion était toute la morale, et qui, ayant usé leur foi, passent sans hésiter de la contemption de leur idole à la contemption de l’humanité.

Je n’irai pas chercher dans les petits séminaires, les sacrés-cœurs, et autres maisons d’éducation pour les deux sexes dirigées par le clergé, des exemples à l’appui de ma thèse. Chacun sait ce que deviennent ces avortons de la