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voyez la pente ! la vertu de l’aumône a aussi ses bornes : donnez alors, donnez à l’Église ce qui, donné aux pauvres, ne vous aura pas réussi…. Je m’abstiens de tout commentaire.

IX

Arrêtons-nous un moment sur cette théurgie, inséparable de tout système religieux.

L’homme qui, après avoir par l’activité de son entendement formé le concept de Dieu, fait intervenir ensuite ce concept dans sa raison pratique comme sujet, motif et sanction de la Justice ; cet homme-là, ai-je dit (2e étude), sera conduit tôt ou tard à mettre son concept en harmonie avec la fonction que sa conscience lui assigne, c’est-à-dire qu’il le réalisera en âme et en corps, et finalement s’en fera une idole.

La substantification du concept divin, par suite son animation, sa personnalité, son incarnation, son histoire, toutes ces concrétions mystérieuses dont se compose la théologie dogmatique, ont leur origine dans l’attribution que l’homme primitif fait à un sujet métaphysique, autre que lui-même, de l’autorité justicière, qui est sa prérogative.

La même évolution, de l’abstrait au concret, s’observe dans les actes du culte.

Le Dieu créé pour le besoin imaginaire de sa conscience, le croyant en conclut, il ne peut pas ne pas en conclure, qu’une communication, un rapport, existe entre son âme et la divinité. Ce rapport, que les théistes discrets renferment dans les profondeurs de la conscience, et auquel ils attribuent les inclinations vertueuses de l’âme, l’homme d’une foi plus rayonnante ne tarde pas à le découvrir hors de la conscience, dans les facultés de son être et les phénomènes de la nature. Tout est, pour le vrai croyant, manifestation de la divinité. Et, comme la distinction entre