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exigent de leurs employés et ouvriers l’accomplissement des devoirs religieux : ne serait-il pas à désirer que cet exemple fût partout suivi ? Comment la religion opère-t-elle sur la volonté et la raison du prolétaire ? Quelle dose lui en faut-il pour qu’il prenne sa destinée en bonne part, et s’y résigne ? On a prétendu que la corruption des mœurs était favorable à l’asservissement des classes ouvrières, tandis que la vertu est une provocation incessante à la liberté. Une étude comparative, approfondie, de ces deux systèmes, aurait son prix. Quels seront les spectacles à donner au peuple ? Quelles seront ses lectures ? Jusqu’à quel point les voyages seront-ils autorisés ? Nous ne parlons pas des réunions secrètes, correspondances, journaux, signes de ralliement, mots d’ordre, qu’on ne saurait poursuivre avec trop de sévérité. Quant aux heures des repas, du lever, du coucher, elles sont indiquées suffisamment par celles du travail même. Quelle peut être l’influence de l’uniforme ?

« Une enquête bien faite, sur toutes ces questions, et recueillie de tous les points du globe, serait d’une extrême importance : elle formerait la base positive du nouvel ordre de choses. Les auteurs mériteraient les récompenses et encouragements des académies, les bénédictions de l’Église, et les distinctions de l’État.

« Car il y va du salut de la société, établie depuis le commencement du monde sur ces deux grands principes de la condamnation de la multitude au travail et de l’inégalité des facultés et des fortunés. C’est ce dernier surtout, mal défendu jusqu’ici et tenu dans l’ombre par la fausse prudence des législateurs, comme s’ils n’y eussent vu qu’une exception fatale à la Justice ; c’est cette loi sacrée de subordination et d’hiérarchie, qu’il s’agit d’inculquer aux masses, non plus comme une dérogation au droit commun, mais comme la formule souveraine