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de prolonger le service ? Quelle retenue, enfin, doit être opérée sur le salaire, afin que l’ouvrier invalide ne tombe pas à la charge de la société ?

« Trop de bêtise chez le travailleur nuit, trop de savoir cuit. L’ordre social, la sûreté des maîtres, leur fortune, sont également compromis par l’un et l’autre excès. Sous ce rapport, la division des industries est tout à la fois le plus puissant auxiliaire que la Providence ait ménagé aux chefs d’État, et l’écueil où vient échouer leur prudence. Quelle est la mesure et la spécialité de connaissances dont il serait à propos, en chaque partie industrielle, de doter le mercenaire, afin de le rendre aussi intelligent que le requiert son service, et en même temps aussi impénétrable à toute idée d’ambition et de changement que sa position l’exige ? La prolongation de l’apprentissage est un moyen d’autant plus précieux de dompter le prolétaire, que l’intérêt des compagnons est d’accord avec celui des maîtres pour retarder la délivrance du livret à l’apprenti : quelle règle suivre à cet égard ?

« Le mouvement de la population doit attirer surtout l’attention de l’homme d’État. À quelles conditions d’âge, de service effectif, d’épargne réalisée, etc., sera-t-il permis aux personnes des deux sexes, dans la classe ouvrière, de contracter mariage ? Comment prévenir les générations illégitimes ? Quels moyens de réfrigération, physique et morale, pourraient s’employer utilement ?

« L’homme, livré aux suggestions du libre arbitre, à toutes les fantaisies de sa personnalité, tend incessamment à sortir de la condition que l’intérêt de la société lui impose. Il a besoin d’être tenu, comme le soldat, par une discipline qui lui rappelle à chaque instant sa dépendance. La religion d’abord : sous prétexte de liberté de penser, sera-t-il permis à l’ouvrier d’en dédaigner les pratiques ? Beaucoup de chefs d’industrie et manufacture