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VI

J’avoue, malgré le respect que m’inspire le nom du Christ, que ma raison ni ma conscience ne sauraient se plier à ce système, dont le pendant avait été donné dans la Haute-Asie, plusieurs siècles auparavant, par le fameux Bouddha.

La philosophie naturelle, depuis Bacon jusqu’à Arago, a pour principe que si l’on veut faire de bonne physique, de bonne chimie, de bonne mathématique, je dirai même, avec Broussais, de bonne médecine, il faut s’abstenir de toute spéculation ontologique et religieuse, ne faire jamais intervenir l’idée de Dieu ou de l’âme, l’autorité de la révélation, la crainte de Satan, l’espérance de la vie éternelle. Il faut observer attentivement les faits, les analyser avec exactitude, les définir avec justesse, les classer avec méthode, les généraliser avec circonspection, et ne rien affirmer que ne puisse toujours, et à volonté, confirmer l’expérience.

D’accord avec ces sages, et contrairement à la doctrine du législateur des chrétiens, je soutiens qu’il faut en user de même pour la morale, et que la traiter par la religion, ainsi que le prescrivent le Christ et Bouddha, c’est la corrompre….

L’éducation est un sujet trop vaste pour que je puisse en quelques pages l’embrasser dans toutes ses parties. Je me bornerai donc à l’examen des quatre questions suivantes, qui me semblent devoir emporter le reste :

Comment l’homme est-il institué par l’Église dans sa conscience ?

Comment, sous cette même direction, se pose-t-il devant la société ?

Comment au sein de la nature ?

Comment en face de la mort ?