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XLIII

J’ignore si dans ce qui précède il se rencontre une seule idée qui me soit propre : ce que je puis dire, c’est que je crois n’avoir fait autre chose que commenter la pensée de la Révolution et en dégager la philosophie.

Est-ce pour rien que toutes ces confréries de Francs-Maçons, Bons-Cousins, Carbonaris, Compagnons du Devoir, etc., auraient servi de prélude à la Révolution, et dans cette symbolique qui leur est commune n’y avait-il aucun germe ?

Est-ce pour rien que l’Encyclopédie fut le monument capital du dix-huitième siècle, élevé contre le spiritualisme chrétien et cartésien ?

Pour rien que la Constituante abolit les priviléges industriels au même titre que les privilèges nobiliaires, déclara l’industrie libre, et prononça le mot énigmatique, mais terrible, de Droit au Travail ?

Pour rien que la Convention fit des insignes du travail intelligent et libre l’emblème de l’égalité, et qu’elle fonda ces écoles centrales, depuis toujours suspectes, comme la pierre angulaire de la nouvelle organisation industrielle ?

Pour rien enfin que de cette inspiration révolutionnaire ont surgi sous nos yeux les systèmes de Saint-Simon et Fourier, allégories éclatantes d’une science plus positive ?

Certes, les révolutions ne s’improvisent pas, nous ne l’éprouvons aujourd’hui que trop. Pour convertir une société, faire d’une multitude asservie de longue main une nation intelligente, libre et juste, c’est peu que des remaniements politiques ; l’éducation même ne suffit pas : il faut une régénération de la chair et du sang.