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qui lui a été donnée, mais qu’elles peuvent et doivent se réduire indéfiniment par une organisation libérale ;

Qu’il n’est donc pas vrai de dire que le régime d’inégalité et de privilége qu’a voulu abolir la Révolution résulte de la fatalité répugnante et pénible du travail ; mais qu’au contraire, c’est le privilége lui-même qui a démesurément aggravé pour le travailleur la répugnance et la peine ;

Qu’ainsi il y a lieu d’espérer que, par une nouvelle émission des principes de la Justice et de la morale, par un autre système d’enseignement professionnel, par une réorganisation de l’atelier, le travail, perdant son caractère servile et mercenaire, sera en même temps affranchi de la fatigue et du dégoût que la fatalité lui confère ;

Que, s’il est permis de soutenir, avec les anciens économistes, que le travail, chose fatale, ne peut former contre la classe propriétaire et au profit de la classe laborieuse l’objet d’un droit naturel, primitif, obligatoirement garanti par l’État, il serait contre toute vérité et justice de prétendre que ce même travail, chose spontanée et libre, ne puisse devenir l’objet d’un contrat d’assurance mutuelle, ce qui est précisément le but qu’a voulu atteindre la Révolution ;

Qu’il en est du travail, au point de vue de la fatalité, comme de l’appétit, de la santé, de la respiration, de la lumière, dont aucune puissance humaine ne peut assurer la jouissance ; et, au point de vue de la liberté, comme de toutes les choses qui peuvent faire l’objet d’une transaction ;

Qu’ainsi le travail, réconcilié par sa nature libre avec le capital et la propriété, dont son objectivité l’éloignait, ne peut plus donner lieu à une distinction de classes, ce qui rompt le cercle vicieux et met la société, aussi bien que la science, l’abri de toute contradiction.