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pour principe tout à la fois la nécessité et le droit. » — Cela semble incontestable, et je l’accorde à mon tour sans réserve.

4. « Or, peine et salaire, ces deux termes que la nécessité et le droit déterminent seuls, et quant à la nature, et quant à la quotité, constituent pour le travailleur un rapport d’infériorité également nécessaire, d’une part vis-à-vis de la nature qui impose le travail et la peine, de l’autre vis-à-vis de l’entrepreneur qui achète le travail et le paye en salaire. » — Contre cette nouvelle proposition, j’avoue que je ne vois pas la possibilité de m’inscrire en faux.

5. « Mais, conclut-on, si vous convenez de ces quatre premières propositions, vous ne pouvez pas récuser les suivantes : d’abord, que les salariés ne peuvent pas être en même temps salariants, et traités comme tels ; en second lieu, que plus le travail se développe, plus le nombre des salariés augmente relativement à la population, et celui des salariants diminue ; de sorte que l’écart entre la condition du maître et celle de l’ouvrier, donné originairement par la nécessité et le droit, et proportionnel au progrès de l’industrie, grandit chaque jour davantage. »

Je conviens de toutes ces choses. C’est bien d’après cette déduction que s’est établie et développée la pratique du salariat ; et je n’aurais rien à répliquer, si l’exposé était entier, et que je n’y découvrisse pas d’omissions essentielles. Car ce n’est pas tout de n’énoncer que des propositions vraies ; il faut n’omettre aucun des éléments de la question, et faire, comme disait Descartes des énumérations complètes.

Je remarque donc que dans cette chaîne de nécessités il peut se présenter, du fait du libre arbitre, deux hypothèses qui en rompent toute l’économie :