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SIXIÈME ÉTUDE


LE TRAVAIL

I


Monseigneur,


En traitant, dans ma troisième étude, de la réciprocité des services comme principe de la répartition des biens, je me suis promis de revenir sur le service même, autrement dit le Travail : j’avais pour cela plus d’une raison.

En premier lieu, c’est dans la question du travail que se révèle sous son aspect le plus fier l’âge qui commence, en même temps que se découvre sous sa plus laide face l’âge qui finit : contraste significatif, qu’il ne m’était pas permis de négliger.

Puis je m’aperçois qu’on s’efforce de l’enterrer cette question du travail, on fait la sourdine autour d’elle, on l’étouffe sous les bandelettes de la philanthropie. En quoi, certes, notre société agioteuse fait bien voir quel esprit l’anime, mais ce qui est aussi une raison de plus pour moi d’agiter le grelot.

Enfin, c’est à propos du travail, de ses droits et de ses devoirs, que j’entends accuser sans cesse la classe travailleuse, dans laquelle il faut bien, de par ma naissance, mon éducation et ma vie tout entière, que je me range.

N’est-ce pas trois fois plus qu’il ne faut pour que je m’accroche, du bec et des ongles, à cette controverse, que toute âme chrétienne aimerait autant voir régler entre deux portes, par la corde ou par le plomb ?