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de la bonne mort, la plénitude de l’existence et la communion sociale.

L

Les écrivains spiritualistes, préoccupés de leurs rêves d’immortalité, ne manquent pas de dire que la mort n’est pas une fin, mais bien une suspension, une transition, ou transformation de l’existence.

On a appelé la mort le sommeil éternel, ce qui promet une immortalité peu agissante ; d’autres font la mort sœur du sommeil, consanguineus leti sopor ; puis on dit le sommeil de la mort ; enfin, sommeil et mort sont pris pour synonymes : « Déjà le sommeil ferme mes yeux noyés », dit dans Virgile Eurydice, pour la seconde fois expirante, conditque natantia lumina somnus.

Les modernes, empruntant leurs comparaisons à l’histoire naturelle, comparent l’existence de l’homme aux évolutions de l’insecte qui de chenille ou ver devient chrysalide, et ensuite papillon. Notre mort serait ainsi une renaissance, l’instant où nous quittons cette enveloppe grossière, pour revêtir les ailes de l’immortalité. M. Jean Reynaud pense même qu’il est des mondes où le passage d’une vie à l’autre se fait sans interruption du sentiment, sans changement brusque du corps, sans solution de continuité.

« Je ne trouve rien d’impossible à ce qu’il y ait dans l’univers d’heureux quartiers où la loi régnante soit de s’élever d’un monde à l’autre, moyennant une transformation correspondante des appareils organiques, sans aucun acte de scission, et en mariant, pour ainsi dire, par une transition insensible, la mort avec la renaissance. C’est ainsi que nous voyons l’insecte, après avoir vécu premièrement dans l’obscurité de la terre, rampé ensuite sur le sol, remanier lentement ses membres, se métamorphoser à vue d’œil, et s’élancer enfin de lui-même, muni d’ailes brillantes, et plein d’une ardeur nouvelle,