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Qu’a-t-elle été depuis le commencement du monde ? — Rien.

Que doit-elle être ? — Tout.

Je dirai peu de chose de l’exécution de ce livre, simple commentaire, comme l’on voit, de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, espèce de canevas d’une philosophie de la Révolution.

S’il est vrai que la Justice soit innée au cœur de l’homme, il ne s’ensuit pas que ses lois aient été dès l’origine déterminées dans l’esprit humain avec netteté, et pour toutes les catégories d’application : ce n’est que peu à peu que nous en acquérons l’intelligence, et leur formule est le prix d’un long travail.

La définition de la Justice, obtenue par une évolution de six ou huit mille ans, ouvre le second âge de la civilisation : la Révolution en est le prologue.

Or, de même que les sciences physiques ne se peuvent construire à priori sur des notions pures, mais requièrent l’observation des faits ; de même la science de la Justice et des mœurs ne peut sortir d’une déduction dialectique de notions : il faut la dégager de la phénoménalité que ces notions engendrent, comme toute loi physique se dégage de la série des phénomènes qui l’exprime.

Ainsi, je ne dogmatise pas ; j’observe, je décris, je compare. Je ne vais point chercher les formules du droit dans les sondages fantastiques d’une psychologie illusoire ; je les demande aux manifestations positives de l’humanité.

Cette façon de traiter l’éthique, quand tout le monde la fait commencer par Jupiter, est la plus