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se lèvent d’eux-même, à moins que le gouvernement n’ait assez de bon sens pour ne les pas attendre. Autrement rien.

D. — Quid du tyrannicide ?

R. — Question insoluble par la logique, et sur laquelle toute philosophie doit déclarer son incompétence.

D. — Mais quoi ! si tant d’intérêts menacés, tant de conventions froissées, tant de haines allumées, avaient enfin le courage de vouloir résolument ce qu’ils veulent, l’extinction de la pensée révolutionnaire, ne se pourrait-il que le droit fût vaincu par la force ?

R. — Oui, si !.. Mais il en est de ce si conservateur comme du si insurrectionnel, comme de toute condition qui implique contradiction. Vous trouverez, quand vous voudrez, quatre fripons qui se concertent pour un coup de bourse ; je vous défie de former une assemblée qui décrète le vol.

Contre toutes les forces de la réaction, contre sa métaphysique, son machiavélisme, sa religion, ses tribunaux, ses soldats, il suffira toujours, non pas d’une jacquerie, non pas d’une sainte-vehme, non pas d’un Ravaillac ; il suffira de la protestation qu’elle porte avec elle. La même humanité a produit, en temps divers, la conscience religieuse et la conscience libre. N’est-ce pas l’émigration qui en 1814 ramena la liberté ? Tout de même ce sont les conservateurs d’aujourd’hui qui seront les révolutionnaires de demain. Donnez-leur l’idée, ils vous donneront la chose.





fin du tome premier.