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et comme la France, dans toutes ses fortunes, a toujours aimé à se donner un Premier, à marquer son unité par un symbole, il y aurait peut-être exagération à nier la possibilité d’une restauration dynastique. Que de républicains nous avons entendus dire : Celui-là sera mon prince, qui arborera la pourpre de l’égalité ! Et ce ne sont ni les moins purs ni les moins intelligents ; il est vrai qu’ils n’aspirent pas à la dictature.

Toutefois, il faut convenir que les symptômes n’indiquent pas une restauration prochaine. Et ce qui donne lieu de croire que le principe dynastique est au moins ajourné, si même il n’a fait son temps, c’est que les prétendants et leurs conseils n’ont pas cœur à la chose. Après vous, messieurs, semblent-ils dire aux démocrates. Or, après la démocratie, il ne restera guère à glaner aux dynastiques, ou la balance économique serait fausse : Non datur regnum aut imperium in œconomiâ.

D. — Et du système parlementaire qu’augurez-vous ?

R. — Malgré ses précédents équivoques, la bascule qui l’a déshonoré si longtemps tenant à des causes purement économiques, sa réapparition est inévitable. Le parlement est devenu une catégorie de la raison française. C’est le foyer de la pensée politique, d’ailleurs le terme prévu, promis, presque officiellement annoncé, de l’empire actuel.

D. — Est-ce le socialisme qui en 1848 a perdu la république ?

R. — Oui, comme la Justice perd les états qui la dédaignent, comme la Révolution a perdu depuis 89 tous ceux qui l’ont trahie. Le socialisme, malgré toutes les folies débitées en son nom, n’était autre chose que la balance des forces et des services, la seule mission que le Gouvernement provisoire eût à remplir : c’était la Révolution.

D. — Qui accusez-vous de cette méprise ?

R. — Personne : l’erreur de 1848 était inévitable, et ses conséquences aussi. Ceux-là seuls pourraient à l’avenir être accusés, qui dans l’obstination de leur insuffisance nieraient encore la portée sociale de la Révolution, et en feraient un titre d’exclusion pour ceux qui l’affirment.

D. — Croyez-vous le peuple français capable de liberté ?