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intérêts : à cet égard, la manière dont j’ai retracé les évolutions de la pensée humaine à travers les symboles de la religion et les manifestations de l’histoire témoigne de la modération de mes sentiments. J’accuse l’infirmité des premières générations, les inévitables méprises des fondateurs, le mysticisme inné de l’esprit humain, à la suite desquels ont débordé l’égoïsme des castes, le pédantisme des philosophes, le machiavélisme des princes et le proxénétisme des intrigants.

Que la contre-révolution applaudisse à cette recrudescence théocratique, on sait ce que vaut sa piété : j’ose dire que la conscience du peuple est avec moi. La postérité jugera.


CHAPITRE VI.

Initiation révolutionnaire : soulèvement des âmes contre la Providence.

XXXV

La plus grande révolte dont l’humanité ait donné dans le passé le spectacle est celle qui agita les nations depuis la première guerre des esclaves, 139 avant J.-C, jusqu’à la victoire de Constantin sur Maxence, en 312. On peut l’appeler la révolte de l’esprit contre le Destin. C’est de cette révolte qu’est sorti le christianisme.

Ce dut être un spectacle étrange, dans une société fataliste, sous une religion et un empire fatalistes, que cet entraînement des peuples à s’insurger contre ce que la raison reconnaît de plus invincible, à nier ce qu’il y a de moins niable, la nécessité. Une insurrection contre le Fatum ! C’était absurde, et c’est pourquoi ce fut sublime.

Maintenant que l’histoire nous a révélé le mot de l’é-