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pouvait pas plus avoir de Justice politique que de Justice économique. Son principe, dans l’ordre de la liberté comme dans celui des intérêts, est de nier le Droit, c’est-à-dire de n’avoir pas de principe. En cela elle est logique, fidèle au dogme, bien supérieure aux théistes de l’école moderne, qui prétendent conserver dans la même théorie la transcendance et la liberté, allier ensemble la Justice et le ciel.

Pour moi, dont la raison répugne à toute hypocrisie, j’admire sincèrement la foi qui a créé ce système, qui, sur les ruines du droit antique, a osé instituer un pareil gouvernement. Je l’admire surtout d’oser y revenir ; et quand le déiste, balbutiant un nom qui lui brûle les lèvres, me parle de rétablir la morale sur la religion ; quand le vicaire de paroisse, simple soldat dans l’armée sacerdotale, se prévalant de quelques phrases mal interprétées de l’Évangile, demande un code qui définisse et garantisse ses droits ; quand le poignard d’une fausse démocratie menace le cœur des pontifes, je dis : Honneur à l’épiscopat ! Lui seul a la foi et l’intelligence ; à lui par conséquent l’autorité.

L’autorité ! mot terrible, que peut seule soutenir une espérance surhumaine, et qui exprime merveilleusement tout ce qu’a été, tout ce qu’a dû être le christianisme.

Ce que la Déclaration des droits est au révolutionnaire, en effet, l’autorité l’est au chrétien. C’est son programme à lui, c’est son code et sa charte. — Est-ce pour rien, par hasard, que je crois en Dieu ? pour rien que ce Dieu se manifeste, ainsi que l’assurent les éclectiques, à ma conscience et à ma raison ? Est-ce pour rien que par un mystère inconcevable il a opéré le rachat de mon âme, et qu’ensuite pour me prémunir contre le retour du malin, il a institué son Église, dont son Esprit anime les chefs ? À quoi me servirait-il de croire au Saint-Esprit, à la pré-