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Prusse et du tzar Alexandre, ou serviteur du Pape ; et les deux ecclésiastiques suspendus par Mgr de Dreux-Brézé, et Mgr de Dreux-Brézé lui-même, devront être considérés comme fonctionnaires de l’État ou ministres de l’Église. Dans le premier cas, la France est protestante, et, les opinions en matière de foi devenant ecclésiastiquement libres, comme elles le sont politiquement, il n’y a plus ni foi, ni église, ni religion. Dans le second cas, l’empereur est soumis, comme le plus humble des fidèles, à l’obéissance envers le Saint-Siége, et, bien loin qu’il puisse blâmer un évêque d’avoir révoqué de leurs fonctions deux curés pour des raisons canoniques, et déclaré excommuniés ipso facto ceux qui appelleraient à la puissance séculière en matière de juridiction ecclésiastique, son devoir est de prêter main-forte à l’évêque et de supprimer le traitement aux réfractaires.

Conçoit-on un empereur des Français, créature de la Révolution, déclarant abusive la révocation de deux curés pour cause canonique ? abusive encore l’excommunication ipso facto de tout ecclésiastique appelant de l’autorité épiscopale à l’autorité séculière, en matière de bénéfices, titres, doctrine et discipline ? abusive enfin la composition du chapitre faite sans intervention de l’autorité civile ?… Que l’empereur, à l’exemple d’Henri VIII, se déclare chef de l’Église, à la bonne heure : vouloir cumuler le bénéfice de l’orthodoxie avec la prépotence de la Révolution, donner des avertissements aux journaux qui attaquent le Saint-Siége et à ceux qui combattent le Concordat, c’est ce qu’on appelait, il y a trente ans, bascule ; ce serait de l’hypocrisie.

Feu Mgr Sibour, avant sa nomination à l’archevêché de Paris, avait publié un ouvrage dans lequel il partageait les idées libérales des réfractaires de Moulins, ainsi que du curé dont je cite l’écrit. On s’attendait qu’une fois en