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rait-elle au-dessous de César, l’Évangile au-dessous de l’Énéide ?

La logique poussant à leur insu les intelligences, la révolution, au moins dans le dogme, était inévitable.

Au principe de la Nécessité succède donc, par opposition, celui de la Providence ;

À la théorie des évolutions gouvernementales, l’affirmation d’un Règne éternel ;

À la pluralité des cultes et des États, l’universalité sociale et religieuse, le catholicisme.

L’idée est d’une moralité supérieure ; toutefois l’Église n’entendant ni établir l’égalité parmi les hommes, — son dogme de la prévarication ne le permet pas, — ni faire régner exclusivement la Justice et abdiquer sa propre prérogative, quelle satisfaction peut-elle donner aux consciences ? quelle amélioration dans sa politique ? en quoi le nouveau régime sera-t-il supérieur à l’ancien ?

Que le lecteur, s’il veut avoir l’intelligence de l’histoire ecclésiastique, veuille bien pour un instant descendre avec moi dans les profondeurs de la théologie chrétienne, — ce n’est pas plus difficile que de visiter un puits de mine : — il y trouvera le secret du gouvernement sacerdotal, secret qu’un évêque aurait quelque peine à avouer.

XVII

Des notions combinées de la Providence en Dieu, de la prévarication originelle dans l’homme, et de la rédemption par le Christ, la théologie déduit logiquement, nécessairement, une théorie prodigieuse, sur laquelle j’appelle l’attention de tous les transcendantalistes, parce qu’elle est renfermée dans toute hypothèse transcendantale, aussi bien, par exemple, dans la théodicée de M. Jules Simon, que dans la réhabilitation charnelle de M. Enfantin : je veux parler de la prédestination.