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croire aussi légitimes que Louis XVIII et Henri V. Il n’y avait de changé que le mode d’enregistrement.

La seule chose à remarquer dans ce système est qu’il témoigne d’une méfiance plus grande encore que le premier. Comme si la consécration du prêtre était inefficace, le peuple ne s’en rapporte qu’à lui-même de la révélation divine. Ainsi appuyé, le pouvoir, ce lui semble, ne pourra plus périr ni malfaire.

Hélas ! on s’est vite aperçu qu’en substituant l’investiture du peuple à celle de l’Église, on tombait dans une superstition pire ; qu’au lieu d’améliorer le pouvoir et de le consolider on le dépravait : de sorte qu’on se trouvait avoir sacrifié, sans compensation, le fruit de dix siècles d’élaboration politique, aux hallucinations d’une démagogie sans tradition, sans idée, et livrée à la fureur de ses instincts. Et voyez la conséquence ! Devant la transaction de 89, la révolte des Vendéens eût été coupable ; 1794 et 1804 en firent un droit et un devoir. Rien n’a plus nui à la Révolution que cette palingénésie gouvernementale, devenue le sacrement du jacobinisme, et qui n’était que l’arcanum imperii.

Religion pour religion, l’urne populaire est encore au-dessous de la sainte ampoule mérovingienne. Tout ce qu’elle a produit a été de changer la méfiance en dégoût, et le scepticisme en haine.

III

C’est donc en vain qu’à l’exemple des nations les plus célèbres, le peuple français, appliquant tantôt le droit divin sacerdotal, tantôt le droit divin populaire, a épuisé toutes les formes de gouvernement simple, l’aristocratie pure, la monarchie pure, la démocratie pure. Il n’a pu s’attacher à aucune, et toutes également lui répugnent.

C’est en vain que nous avons essayé ensuite de toutes