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ne l’a point mis à l’index : au contraire, M. Donoso Cortès est mort en odeur de sainteté.

Et vous prétendez au gouvernement des consciences, et vous nous accusez d’immoralité, si je puis ainsi dire, congéniale, vous dont le premier article de foi est de flétrir la personne humaine ; le second, de la vouer à la misère ; le troisième, de la déposséder de la terre, dont vous vous attribuez la meilleure part, en laissant l’autre à des nobles ! vous qui, pour consommer cette dépossession, ne craignez pas de vous livrer, sous le couvert de votre manteau archiépiscopal, aux pratiques les plus équivoques du mercantilisme ; qui, ignorant ou contempteur des lois de l’économie, enseignez de parole et d’exemple que la gloire de l’Église est la loi suprême, que cette loi purifie tout, légitime tout, même l’usure, jadis par vous condamnée, même la dépravation du travailleur, même la transportation de ces milliers de bouches que votre exécrable système a rendues inutiles !

Oh ! Monseigneur, savez-vous ce qui me console ? C’est que vous croyez à votre religion ; c’est que du moins votre conscience vous sert d’excuse, et qu’elle ne saurait m’empêcher de vous honorer autant que de vous plaindre. C’est pourquoi, tandis que vous me signalez, à raison de mes opinions, à l’horreur des fidèles, moi, en vertu de ces mêmes opinions, je puis dire toujours, en vous montrant à mes coreligionnaires : L’homme est meilleur que le Dieu.