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dustrielles, la valeur balance ou paye la valeur, que le salaire fait équilibre au produit, le loyer au prêt, le service au service, ainsi, dans l’économie générale, la puissance ou la force fait équilibre à la force. C’est par leur opposition mutuelle, non par une restriction arbitraire, que les forces économiques se contiennent l’une l’autre, que la propriété, par exemple, sert de contre-poids à la communauté, la force collective à la division, la concurrence au privilége, etc.

Dans le problème de la population et des subsistances, quelle est la force qui pousse à la multiplication des sujets ? — La force génératrice.

Tandis que Malthus, en vrai doctrinaire, ose intervenir entre l’homme et la femme au moment de l’union, et arrêter, par un procédé qui ne diffère en rien des moyens de répression condamnés par lui-même, l’absorption de la semence, il s’agit simplement pour moi de découvrir la force dont le développement doit faire équilibre à la puissance génératrice, et de lui donner l’essor.

Cette force, quelle est-elle ?

Dans mon Système des contradictions économiques, publié en 1845, j’avais cru la découvrir dans le travail.

L’homme qui fait une dépense considérable de force, soit musculaire, soit cérébrale, ne peut pas, disais-je, vaquer dans la même proportion aux œuvres de l’amour : il s’épuiserait rapidement. — Il y a donc opposition entre les deux forces ; et dans une société bien ordonnée, établie sur la Justice, l’égalité de condition, l’équivalence de l’instruction, la somme du travail croissant d’ailleurs toujours pour la société et pour les individus, la chasteté des mœurs allant du même pas, il est rationnel de présumer que l’équilibre s’établira de lui-même.

Telle était en substance la théorie que j’opposais dès 1845 à la prétendue doctrine de Malthus. Elle offre cet