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cochons !… Je demande pardon de la grossièreté de l’épithète, que je n’entends certes appliquer à personne. Mais quel sentiment puis-je éprouver à la vue de ce cénacle de soi-disant économistes, vieux praticiens du restreint moral, refaisant les lois de la pudeur, caricaturant le Décalogue, décidant avec gravité qu’il y a urgence de guérir le peuple de ses scrupules à l’endroit de la masturbation conjugale, et tout cela pour l’honneur d’une prétendue doctrine qui serait la honte de la science, quand elle ne serait pas la honte de la morale ?

C’est au palais de l’Institut, à l’Académie des Sciences morales et politiques, tribunal suprême des mœurs françaises, que se tiennent ces conférences. Ceux qui prennent part à la délibération sont les plus haut placés dans l’administration et l’enseignement. M. Dunoyer a été préfet ; M. Duchâtel, ministre ; M. Léon Faucher, ministre ; M. Guizot, ministre et professeur : on l’a surnommé, je ne sais pourquoi, l’austère ; Rossi était professeur ; J.-B. Say professeur ; M. Joseph Garnier est professeur ; tous défenseurs de la religion, de la morale, du mariage et de la famille, contre le socialisme anti-malthusien, et, hors ce qui regarde la procréation des enfants, partisans du laissez faire laissez passer.

Voyez-vous la jeunesse française, celle qui suit les cours du collége de France et de la Sorbonne, tous ces étudiants de l’école de droit, de l’école de médecine, de l’école normale, de l’école polytechnique, de l’école des mines, de l’école des ponts et chaussées, s’instruisant, à dix-huit ans, à la pratique de la restriction préventive, passant des leçons de Malthus à la Closerie des Lilas, et se préparant par l’amour libre, garanti sans progéniture, à la stérilité du mariage, qu’ils devront plus tard, comme magistrats, professeurs, médecins, ingénieurs, propager parmi le peuple ?… M. Thiers, qui ne se pique pas d’aus-