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Et ailleurs :

« Il n’y a pas d’autre sauvegarde pour les salariés que la restriction du progrès de population… Malheureusement le sentimentalisme, plutôt que le sens commun, domine les discussions qui ont lieu sur cette matière. »

À en croire ces messieurs, c’est dans l’intérêt du peuple, dans l’intérêt de la femme comme dans celui des malheureux enfants destinés à périr, qu’ils insistent sur le commandement malthusien.

Rossi va jusqu’à accuser la classe exploitante, la bourgeoisie, de pousser à l’excès de population par un motif de cupidité. En multipliant outre mesure les ouvriers, dit-il, elle s’assure le bas prix de la main-d’œuvre. Si pareille calomnie tombait d’une bouche socialiste, la Justice, jugeant sans jury, condamnerait le diffamateur à trois ans de prison et à la perte de ses droits civils.

« Les simples ne comprennent pas et ne comprendront jamais la question. L’économie sociale est pour eux lettre close. Ils ne voient dans l’affaire que les vives amorces du jeune âge, et le danger que ces flammes comprimées n’éclatent par quelque désordre…

« Les habiles au contraire connaissent le fond des choses :pour eux ces lieux communs (providence, confiance, espérance) ne sont pas l’expression, mais le déguisement de la vérité. Ils savent que plus il y a de travailleurs, plus, toutes choses égales d’ailleurs, les salaires sont bas et les profits élevés. Tout s’explique par cette formule, et en particulier le pacte d’alliance entre les habiles et les simples. Ils sont du même avis, parce que les uns ne saisissent point, et que les autres saisissent très-bien le fond de la question…

« Quant à nous, nous dirons aux travailleurs, aux jeunes gens : Que la prudence pénètre dans les mariages et préside à l’établissement de chaque famille, et l’on n’aura plus à s’inquiéter du sort de l’humanité… »

Je ne reconnais pas à ce langage le prudent économiste