Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.

certes. Elles donnèrent, dès le commencement, le spectacle de ce qui attendait la grande Église elle-même, quand une fois elle se trouverait aux prises avec la raison, le goût, la liberté, la nationalité, la Justice.

Que sont, en effet, l’arianisme, le manichéisme, le mahométisme, le schisme grec, la Réforme, indépendamment des questions de doctrine toujours étrangères aux masses, et qui officiellement les séparent de l’Église romaine, sinon des déclarations d’incompatibilité entre l’unité catholique et l’autonomie des nations et des intelligences ?

L’arianisme fleurit surtout en Orient, patrie du monothéisme sémitique. Avec les Grecs, les Romains, les Gaulois, les Barbares, il dure peu ; mais il renaît en Mahomet et se fixe sous la tente arabe, dans la vie patriarcale, où ne pénétrera pas le dogme chrétien.

En Perse, l’orthodoxie recule devant le dualisme zoroastrien, réveillé par Manès. Et ce qui démontre la vérité de cette physiologie, c’est que la même chose arrivera en Perse à l’islamisme, quand celui-ci aura remplacé la religion du Christ.

Au neuvième siècle, les Grecs, déjà séparés depuis quatre siècles par le fait du partage impérial, consomment leur scission d’avec les Latins. Après la prise de Constantinople, en 1453, le patriarcat passe à Saint-Pétersbourg. Il irait à Pékin plutôt que de se réconcilier avec Rome.

Au seizième siècle, c’est l’Allemagne, l’Angleterre, l’Écosse, la Suède, le Danemark, la Suisse, qui se séparent à leur tour. Qu’importent ici les thèses des doc-