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la turpitude malthusienne ; mais, puisqu’il a cru devoir, dans une publication récente, relever cette scabreuse controverse, où mon nom se trouve mêlé, il ne trouvera pas mauvais que je lui réponde.

Voyons d’abord comment Malthus a posé le problème, et comment il en a compris l’équation. Ses disciples ont l’habitude d’accuser leurs adversaires de ne l’avoir pas lu et de n’en connaître que le fameux passage auquel Malthus doit sa célébrité. Je commence par déclarer que j’ai parfaitement lu Malthus, ainsi que le dernier ouvrage de M. Joseph Garnier, son disciple et continuateur, auquel j’emprunterai quelques citations.

La doctrine de Malthus, puisque doctrine il y a, se résume en cinq propositions.

1. — En principe, dit Malthus, et après lui M. Joseph Garnier, nous pouvons tenir pour certain que la population, si aucun obstacle ne s’y opposait, se développerait incessamment, suivant une progression géométrique et sans limites assignables, au point de doubler en peu d’années.

Une partie du livre de Malthus est employée à recueillir les faits qui prouvent cette tendance de la population.

2. — En fait, nous sommes en état de prononcer, en partant de l’état actuel de la terre habitée, que les moyens de subsistance, dans les circonstances les plus favorables à l’industrie, ne peuvent jamais augmenter plus rapidement que selon une progression arithmétique.

Suit encore l’exposé des faits qui, selon Malthus, démontrent cette seconde proposition.

3. — Qu’arrive-t-il, se demande alors le laborieux compilateur, lorsque la population, obéissant à sa tendance, dépasse les moyens qu’elle a de subsister ? — Le surplus est expulsé par la famine et les maladies, auxquelles il faut joindre les infanticides, les avortements, les expositions d’enfants, la guerre.

Un large espace est consacré par l’auteur à l’exposition de