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ce qui aurait été presque la même chose pour le commerce que de régler toutes les opérations au comptant ?

On a dit à cela que le bas prix de l’escompte amènerait bientôt, par la demande de remboursement des billets, la sortie de tout le numéraire.

Eh bien ! voulez-vous au contraire que ce même bas prix amène à la Banque tout le numéraire de l’étranger ? Le moyen est facile : c’est d’ajouter au taux ordinaire de l’escompte un agio de 3, 4 ou 5 0/0, lorsque le numéraire sera demandé de préférence aux billets. La différence fera vite rechercher ceux-ci, et affluer de tous les points du globe le numéraire.

Voilà ce qu’était la fameuse banque du peuple. Il n’y a pas là d’utopie : c’est de la pratique la plus élémentaire, comme l’avait comprise l’empereur Napoléon Ier et du droit le plus positif, comme l’entend le Code. L’Église ne l’a pas trouvé, il faut le reconnaître ; l’école de Malthus n’y veut point entendre, j’en conviens encore ; la boutique n’y comprend goutte, comprend-elle quelque chose ? le parasitisme et l’agiotage ne s’en accommoderaient pas, je l’avoue humblement, et le parasitisme et l’agiotage sont les maîtres ; le gouvernement tire son lopin du système par les emprunts qu’il fait à la Banque, et j’en plains mon pays ; la vieille démocratie enfin se gausse de mes idées et les tient pour suspectes. Tout ce monde est aussi dépourvu de sens civique que de sens moral ; mais vous, jeune lecteur, qui n’aviez pas quitté le collége


Quand apparut la République
Dans les éclairs de février,


croyez-vous que j’aie mérité l’anathème pour avoir dit qu’il n’y avait pas avantage pour le commerce à payer 4, 5, et 6 fr. un service que nous pouvons nous procurer à 90 cent., et même au-dessous ?