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trésors en versant sur le monde les richesses du second, qui pourrait l’accuser de simonie ? Le vrai simoniaque est celui qui, oubliant le décret évangélique, assimile le sacerdoce à une fonction salariée, et fait ainsi de la prédication et de l’administration des sacrements un objet d’échange.

Encore une fois, si telle n’était pas la pure doctrine de l’Église, s’il fallait interpréter autrement sa constante discipline, je le demande, comment justifier ce travail incessant de reconstitution de la propriété ecclésiastique, ces actes de captation et tout ce trafic auquel l’Église se livre sans honte, et qui ne choque pas moins l’économie sociale que la morale vulgaire ?

Mais ceci touche aux faits de la réaction contemporaine, et mérite d’être traité à part.


CHAPITRE IV.

Pratique de l’Église depuis la Révolution.

XIV

Lorsque dans la nuit du 4 août 1789 l’Assemblée constituante abolit le régime féodal, elle ne toucha pas aux propriétés des nobles : les confiscations qui eurent lieu plus tard furent l’effet de lois pénales rendues contre l’émigration, nullement une mesure de guerre dirigée contre la noblesse ; ceux qui restèrent en France conservèrent leurs biens, et 36 ans plus tard, en 1825, la nation indemnisa ceux des émigrés qui les avaient perdus.

Et cependant le système féodal ne se releva pas ; la noblesse, même en conservant ses titres, ne fut plus rien. Aujourd’hui encore, malgré la réaction qui emporte la société, elle ne peut pas se reformer ni renaître. Pourquoi cela ?