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Pourquoi, sous nos yeux, a-t-elle lancé l’anathème contre les socialistes, et provoqué leur extermination ?

Que l’Église daigne nous dire quel est, en fin de compte, son principe juridique, quelle est sa morale ?

La morale de l’Église, sa loi économique, je l’ai dit, elle n’en a point ; elle n’admet pas en principe qu’il y en ait une. C’est pour cela qu’elle a créé une discipline, où la communauté est la règle, la propriété l’exception ; d’après laquelle quiconque, peuple ou gouvernement, citoyen ou prince, porte atteinte aux établissements de l’Église ou aux fiefs qu’elle autorise, est également coupable de désobéissance et encourt l’excommunication.

Le vulgaire, tout occupé des intérêts matériels, est porté à juger de la conscience du clergé d’après la sienne ; il attribue à des motifs de cupidité et d’ambition une conduite qu’entre laïques il est impossible, en effet, d’expliquer autrement.

Mais il est évident, et vous ne pouvez que souscrire à cet avis, Monseigneur, qu’indépendamment des considérations mondaines qui peuvent diriger ses membres, l’Église est gouvernée par une idée ; que, si cette idée avait quelque chose de commun avec la pratique séculière, dès longtemps l’Église et le siècle seraient d’accord ; et que, la puissance spirituelle réglant ses intérêts d’après la même loi que la temporelle, la fusion serait faite, ou, pour mieux dire, il n’y aurait jamais eu de scission. On n’aurait pas attendu, par exemple, jusqu’en 1789, pour assigner aux fonctionnaires ecclésiastiques leur légitime salaire ; l’Église n’avait que faire pour cela de prêcher la communauté aux parfaits, et de s’exposer au reproche de spoliation. Il suffisait d’établir sur la masse du peuple chrétien une cotisation fixe et proportionnelle. C’est ainsi qu’en usent les clergés dissidents, plus éloignés, sans nul doute, du véritable esprit de l’Église par la constitution révolution-