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ligion. Au surplus l’Église est d’accord avec elle-même ; et si la science avec la révélation lui fait défaut, du moins la logique ne lui manque pas. Elle saura poursuivre jusqu’à la dernière conséquence, dans la théorie et la pratique, la doctrine de l’immoralité congéniale.

Ainsi, pour les personnes, discipline ; pour les biens, discipline ; pour tout ce qui touche le gouvernement, l’éducation, le mariage, les idées, le travail, etc., discipline, et toujours discipline. De Justice, de balance, seule condition de stabilité sociale, jamais. On l’avoue sans rougir ; c’est Dieu lui-même qui l’a révélé. Mais de l’Autorité, on en aura pour tout, on en aura à revendre ; et malheur aux récalcitrants !

IX

Du reste, soyons justes. Ce que je reproche à l’Église catholique ne lui est point particulier : on le retrouve dans toutes les autres, et jusqu’au sein de l’école matérialiste. Destutt de Tracy avouait d’assez bonne grâce que ce qu’on appelle économie n’est qu’un recueil de routines, imposé par la nécessité, en vertu de laquelle il condamnait à perpétuité les neuf dixièmes du genre humain à servir l’autre. La nécessité, voilà le principe dont Destutt de Tracy et son patron J.-B. Say s’étaient fait une raison mystique, faute d’avoir approfondi davantage. Pourtant, dira-t-on, c’étaient des hommes de liberté. Je ne le nie pas. Mais en préconisant la liberté ils manquaient de logique ; et s’ils eussent vécu de nos jours, de deux choses l’une, ou ils auraient abjuré leurs erreurs et passé au socialisme, ou bien avec leur église ils auraient appelé la force à la défense de leur principe, ils auraient fait de la nécessité économique une religion.

Faut-il s’étonner, quand le matérialisme aboutit, par l’insuffisance du savoir positif, aux mêmes conclusions disciplinaires que l’illuminisme, que les sectes socialistes,