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aujourd’hui que l’homme juste, attendu que le péché d’ignorance peut bien ne pas corrompre la conscience, alors même qu’il déshonore l’entendement.

Je dis donc que si la contradiction est dans la science, si par conséquent elle infecte la loi et trouble la société, cela provient de ce que nous ne sommes pas encore arrivés, en fait de Justice, aux principes premiers, aux idées mères, à ce que j’appellerai le décret organique de la raison pratique dans les diverses catégories de l’ordre social.

Ce décret, qui doit régir de haut tout ce qui a rapport à l’acquisition, à la possession et à la transmission des biens est ce que je cherche.

Et sans remonter jusqu’à l’antiquité païenne, dont nos codes ne font que suivre la tradition, parallèlement à celle de l’Église que le législateur civil a délaissée, je commence par interroger l’Église.

L’Église possède-t-elle une science de la Justice, appliquée aux intérêts matériels ?

À quoi je réponds, comme je l’ai fait déjà pour les personnes :

Non, l’Église ne sait rien ni de la science des richesses, ni de ses rapports avec la Justice.

Sur toutes ces choses elle fait profession d’ignorance, elle nie la possibilité de les connaître, et cette négation est pour elle un article de foi. De même que nous l’avons vue, au nom de l’inviolable Majesté, décider contre l’homme la question du droit personnel et de la dignité, de même nous allons la voir encore, au nom de la rédemption et de la grâce, décider contre ce même homme la question du droit réel et de la richesse, et par ce nouveau jugement rendre l’immoralité sociale irrémédiable.