Page:Proudhon - De la création de l’ordre dans l’humanité.djvu/374

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ligne du progrès et dirigés dans le même sens, nous montrent notre route : — toutes les nations ont la face tournée vers le soleil de vérité, depuis le Chinois athée et polygame, l’indien apathique et l’Arabe fataliste, jusqu’à l’Européen porte-oriflamme de la civilisation, organe immédiat de la Divinité dans la création de l’ordre.

Voilà pourquoi l’Économie politique est essentiellement bienfaisante et conservatrice ; pourquoi, en proclamant les idées les plus radicales qui furent jamais émises, nous avions droit de dire que nous ne voulions rien renverser ; que l’égalité sortirait du développement régulier des institutions existantes, qu’elle était la conséquence nécessaire de toute législation possible.

Pour changer la propriété nous n’avons besoin que de voies légales : l’abaissement du taux de l’intérêt, l’extension du domaine public, la surveillance administrative, la centralisation de l’agriculture, du commerce et de l’industrie, avec les mesures accessoires de police et d’ordre ;

Pour réformer notre système politique, nous ne demandons encore que des mesures légales : la division, la spécialisation, la coordination et la responsabilité des fonctions et des pouvoirs, conformément aux lois de l’Économie.

552. Les Fonctions. Organographie sociale.

Selon que la société agit collectivement ou par organes spéciaux, son action est indivise ou divisée. Dans le premier cas, la part que chaque individu prend à l’action sociale est une fraction de la puissance souveraine (416) ; dans le second elle est un dédoublement.

Les fonctions de garde national, d’électeur, de député, sont indivises. Conséquemment, les collèges électoraux, les assemblées communales et départementales, les sociétés industrielles, etc., sont pouvoirs constituants.

Tout individu faisant partie du corps social, jouit, par ce fait seul, du droit d’exercer ces fonctions (252, 304-306), sauf les conditions déterminées par la loi (531).

Il suit de là qu’une des premières réformes à opérer est incontestablement la réforme électorale, réforme progressive et prudente toutefois ; sans cela, l’on courrait risque de ne rencontrer que l’anarchie.

Quiconque prêche le suffrage universel comme principe unique d’ordre et de certitude, est menteur et charlatan : il trompe le peuple. La souveraineté sans la science est aveugle.

Quiconque admettant la réalité d’une science sociale, rejette