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Le rapport des unités entre elles est ce que nous appellerons la raison de la série.

Les cannelures d’une colonne, les dents d’une scie, les côtes d’un melon, les crans d’une roue à engrenage, sont dans un rapport d’identité ; les unités arithmétiques, classés par dizaines, centaines, mille, etc., dans un rapport de similitude ; les sons, les couleurs, l’accélération de la chute des graves, dans un rapport de progression ; les membres du corps humain, les organes des plantes, les parties d’un tableau, d’une statue, d’un monument d’un poëme, d’une œuvre de littérature, dans un rapport de composition.

Nous montrerons que les fonctions sociales sont dans un rapport de composition et d’équivalence.

228. Pour que la série existe, il faut que le rapport de ses unités soit fixe et invariable. C’est ce qui nous a fait dire, aux définitions, que toute loi était absolue et n’excluait rien : dès que la raison fléchit ou varie, la série n’existe plus : il y a perturbation et désordre.

Supposez que, dans la numération écrite, le chiffre placé à gauche exprime des unités d’un ordre tantôt dix fois, tantôt neuf ou douze fois plus grand, et l’arithmétique est impossible. Percez au hasard le tuyau de la flûte ; tendez plus ou moins les cordes du violon, allongez les unes, raccourcissez les autres : vous n’obtiendrez que des sons faux et discordants ; plus votre exécution sera parfaite, moins vous aurez de musique.

C’est pour prévenir les variations du rapport sériel que les horlogers ont imaginé les tiges de compensation dans les pendules, lorsqu’ils eurent remarqué que les changements de température dilatant ou contractant la verge métallique, le mouvement des horloges en était accéléré ou retardé.

Nous verrons aussi que le rapport des valeurs commerciales et des fonctions industrielles est invariable, c’est-à-dire que les lois politiques, comme celles de la nature, sont inflexibles.

229. C) Formes ou aspects de la série.

Concevez un plan quadrangulaire mobile sur un axe passant par un de ses côtés, le solide produit par ce mouvement est un cylindre ; au contraire, concevez ce même plan mû perpendiculairement à lui-même, le solide engendré par ce mouvement sera un parallélogramme.

Or, la différence des deux solides tient uniquement à la différence du rapport qui gouverne les unités sérielles du mouvement générateur.

Dans l’un et l’autre cas, le plan est mû simultanément dans