Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’un meilleur succès. Certes, ceux qui en 1863-64 ont voté pour l’Opposition n’ont pas ici le mot à dire : mais je le demande à tout homme de bon sens, n’est-ce pas appeler sur nous les colères révolutionnaires, et jamais réforme, même la plus radicale, coûtera-t-elle autant que ce que menace de nous faire payer l’obstination de nus sauveurs ?

III. Après la mystification, l’usurpation. Ceux qui ont fait voter la Démocratie contre ses principes et contre sa conscience ne lui épargneront aucune honte. Ce n’était pas assez de cette position presque inexpugnable que fait au gouvernement impérial la légalité jurée, il fallait que l’Opposition y ajoutât par ses professions de foi, ses articles de journaux, ses discours et ses votes, une faculté d’absolutisme sans bornes. Sans la majorité du parlement, sans ces députés ministériels envoyés par les paysans, je ne sais vraiment où nous en serions aujourd’hui.

En ce qui touche la politique extérieure, l’Empereur a le pouvoir, d’après la Constitution, de prendre seul, contre l’avis de ses ministres, du Conseil d’État, du Sénat, du Corps législatif, les résolutions les plus graves. Il peut, à son gré et à tout propos, faire des alliances ou les rompre, déclarer la guerre et se mettre de gaieté de cœur l’Europe entière sur les bras. Laissons de côté les motifs, plus ou moins plausibles, d’une pareille prérogative, et ne la considérons qu’au point de vue des libertés publiques, des garanties constitutionnelles, des formes légales, des droits, enfin, et de la souveraineté de la nation. Jusqu’à présent il est permis de croire, d’après le témoignage des journaux de l’empire, que si Napoléon III ne s’est pas encore lancé dans une entreprise de cette nature, soit à propos