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n’est rien, si elle n’a pas pour résultat de leur donner les moyens légaux d’améliorer leur condition sociale.

Les ouvriers proposeront leur idée ; les capitalistes la combattront. Les uns et les autres auront raison sur quelques points, tort sur d’autres. La discussion, les polémiques de la presse, la tactique électorale feront le reste, et la raison publique videra le débat.

Voilà la liberté ! voilà la légalité ! voilà l’ordre !

Rien ne serait plus faux que de concevoir l’ordre comme la suppression de toute question, de toute discussion, de tout antagonisme.

Aux dernières élections, les ouvriers sont entrés en lice avec un programme émanant d’eux-mêmes. Que disent-ils ? que demandent-ils ?

Ils disent que les intérêts du travail, dans l’ordre économique actuel, sont loin d’être traités aussi avantageusement que les intérêts du capital.

Ils demandent que cette situation désavantageuse du travail en face du capital soit relevée.

Ils demandent que dans toutes les relations de la vie civile ou commerciale, dans toutes les transactions, dans tous les contrats, le travailleur soit, en face de ses contractants, sur le pied d’une égalité parfaite.

Ils demandent, soit qu’il s’agisse de vendre, soit qu’il s’agisse d’acheter, soit qu’il s’agisse d’emprunter, soit qu’il s’agisse de donner ou prendre à bail une maison ou un champ, ou de stipuler un louage d’ouvrage, ou de faire un commerce, ou d’entreprendre une industrie, ou de former une société, que le travailleur soit au bénéfice des mêmes avantages légaux que le capitaliste.