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bre, ont exigé une augmentation de salaire, les autres une réduction des heures de travail ; quelques-uns les deux à la fois. Comme si vous ne saviez pas, de longue main, que l’augmentation des salaires et la réduction des heures de travail ne peuvent aboutir qu’à l’enchérissement universel ; comme si vous pouviez ignorer qu’il ne s’agit point ici de réduction ni d’élévation des prix et salaires, mais d’une péréquation générale, condition première de la richesse !

On est allé plus loin. On a prétendu imposer, avec l’augmentation des salaires, leur égalité. Triste réminiscence du Luxembourg, que le Manifeste des Soixante avait pourtant condamnée, en professant hautement la libre concurrence.

Une fois sur la pente de l’arbitraire, la Démocratie ouvrière, pas plus que le despotisme, ne sait s’arrêter. Dans certains corps de métier, défense est faite aux patrons d’embaucher un seul homme contre le gré des coalisés ; défense de former des apprentis ; défense d’employer des étrangers ; défense d’appliquer des procédés nouveaux, etc. D’association, de mutualité, de progrès on ne parlera bientôt plus, si les ouvriers, à l’exemple des grands monopoleurs, ont la faculté de substituer l’extorsion à la libre concurrence.

Et qu’avez-vous, en fin de compte, obtenu par l’exercice d’un si beau droit ? Que de déceptions à enregistrer déjà, et combien vous attendent encore !

Tout d’abord, pour organiser une coalition il faut se réunir et s’entendre. Or, le droit de coalition n’implique pas celui de réunion ; et bon nombre parmi vous, si je suis