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qui défend et réprime les coalitions, que dans les coalitions elles-mêmes : l’insuffisance de la garantie. Ce n’est point une raison, aux uns pas plus qu’aux autres, de violer la loi et de contraindre la liberté, puisque en pareille matière toute contrainte, de quelque part qu’elle vienne, implique extorsion et vol ; à plus forte raison n’est-ce pas un motif pour le législateur de lâcher la bride à la violence et à la fraude, et d’ériger en droit la liberté des coalitions, puisqu’une semblable liberté n’est autre chose qu’une liberté délictueuse. Mais si l’insuffisance de la garantie accuse l’imperfection de la loi, elle vient aussi en atténuation du délit ; et c’est surtout dans l’intérêt des consciences, qu’il ne faut jamais désespérer, que la vraie science se montre et semble si scrupuleuse à démêler ici ce que nous avons nommé contradiction.

Actuellement les classes ouvrières, délaissant la pratique bourgeoise et s’élançant vers un idéal supérieur, ont conçu l’idée d’une garantie qui doit les affranchir tout à la fois et du risque d’avilissement des prix et salaires, et du remède funeste des coalitions. Cette garantie consiste, d’une part, dans le principe d’association, par lequel ils se préparent, sur toute la face de l’Europe, à se constituer légalement en compagnies de travailleurs, concurremment avec les entreprises bourgeoises ; et d’un autre côté, dans le principe plus général encore et plus puissant de la mutualité, par lequel la Démocratie ouvrière, consacrant dès à présent la solidarité de ses groupes, prélude à la reconstitution politique et économique de la société. C’est là, dans l’énergie combinée de ces deux principes, l’association et la mutualité, sur lesquels