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ment de même. Je n’ai pas sous la main le Dictionnaire de l’Académie, mais voici ce que je lis dans un lexique publié par Ch. Nodier.


« Coalition : Concert de mesures pratiquées par plusieurs personnes, dans la vue de nuire à d’autres ou à l’État. — Réunion de différents partis ; ligue de plusieurs puissances. »


Tel est en effet le vrai sens du mot coalition, sens sur lequel je répète que tout le monde, la politique et l’économie politique s’accordent, et qu’il est impossible de changer, puisque, si l’on parvenait à changer ce sens, il faudrait créer un autre mot pour exprimer ce que de tout temps on a voulu faire signifier à celui-là : une association contre les intérêts du public ou de l’État. Quel est donc, je ne dis pas l’écrivain ou le philologue, mais l’homme du peuple, si peu au courant qu’on le suppose des choses de ce monde, si étranger à la grammaire et à la logique, qui ne comprenne à merveille qu’une coalition d’entrepreneurs ou de marchands n’est pas la même chose qu’une association de ces mêmes personnages ; pareillement qu’une coalition ouvrière n’est pas la même chose qu’une association d’ouvriers ? de même qu’une coalition de partis, comme on en a tant vu sous Louis-Philippe et la République, n’est pas la même chose qu’une association ou fusion des partis ? de même que les coalitions formées par les Rois de l’Europe contre la Révolution française, n’étaient pas des alliances politiques comme la quadruple alliance de 1832, comme celle qui faillit se former en 1854 contre le czar Nicolas, ou même comme la Sainte-Alliance, créée en vue de la perpétuité de l’équilibre européen, et dans laquelle entrèrent d’abord tous les États de l’Europe ?