Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/404

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La surface des propriétés bâties, servant à loger la nation tout entière, était évaluée, il y a douze ans, à 241,842 hectares ; soit, en supposant le nombre des familles de 10 millions, 241 mètres carrés par famille, évaluation beaucoup trop faible, puisque, dans les villes surtout, nombre de maisons sont à plusieurs étages. Une maison de 241 mètres de superficie est une grande maison de paysan, et s’il y a un étage, elle peut passer pour un castel. Or, que de familles, dans les villes susdites, occupent moins de 40 mètres carrés !

Ce n’est pas tout : il faut au grand propriétaire des avenues, des parcs, cours, basse-cours, terrains, allées, du terrain mort : là surtout éclate la magnificence. Tel particulier dépense plus à cette extermination du sol que tout un canton pour ses chemins vicinaux.

D’après quelques statistiques, on peut évaluer la quantité de viande de boucherie, charcuterie, volaille, poisson et gibier, consommée en France, à 900 millions de kilogrammes, soit, par personne et par an, 22 kil. 5, ou mieux encore, 62 grammes (deux onces) par tête et par jour. Les prix varient, selon les qualités et le choix des morceaux, de 1 fr. 20 à 3 fr. 60 le kilogramme pour le bœuf ; 90 cent. à 2 fr. 20 pour le mouton et le veau ; 1 fr. 40 à 1 fr. 60 le porc. En supposant que dans un régime de garantie mutuelle et d’égalité, la production de la viande ne fût pas plus considérable, ces 62 gr., soit demi-livre par famille de paysan et par jour, seraient mieux que rien : il y aurait juste de quoi graisser leur soupe et frotter leur pain. Mais ce n’est pas ainsi que les choses se passent. Chez nous, comme en Angleterre,