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nous sommes, au plus haut degré, libre-échangiste. Ou bien, l’on n’entend parler, avec les économistes de l’école anglaise, que de l’échange fait ad libitum, en toute licence, en dehors de toute réserve de droit, de mutualité, égalité et sûreté : dans ce cas, il n’est pas moins évident qu’un pareil trafic, trafic de surprise, anarchique et plein de mauvaise foi, n’est qu’un leurre grossier, que tout économiste honnête homme et soucieux des intérêts de son pays repoussera avec indignation. Cette manière d’entendre le libre-échange est celle que nous repoussons et combattons de toutes nos forces ; nous en avons dit en partie les raisons, que nous allons rappeler en quelques lignes.

Les effets du commerce ad libitum, ou commerce anarchique, destitué de toutes garanties, doivent être étudiés à deux points de vue différents : 1o suivant que les marchandises échangées par les deux nations seront en quantités respectivement inégales, et que l’une ayant plus livré que reçu, plus exporté qu’importé devra recevoir de l’autre un solde en espèces ; ou bien 2o, suivant que les quantités échangées ayant été les mêmes, la balance sera en équilibre, et qu’il n’y aura de solde à acquitter par personne.

Le premier de ces deux cas, celui de l’inégalité des livraisons donnant lieu à un solde en espèces, est le seul dont on se soit occupé jusqu’à présent, ainsi qu’on a pu en juger d’après la dernière discussion du Corps législatif. Tout le monde, adversaires et partisans du Traité de commerce, représentants et ministres, hommes du Pouvoir et de l’École, ont parfaitement compris ce qu’aurait de grave pour les intérêts français le fait d’une balance