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féliciter, comme on le fait aujourd’hui, des résultats du traité de commerce. Et quand on aurait fourni tous ces éclaircissements, qu’aurait-on prouvé ? Une seule chose : c’est que le peuple français est un peuple de ressources ; que son industrie est merveilleuse, sa résignation encore plus grande ; qu’il n’est témérité ou aventure dont il ne parvienne, à force de dévouement, de privation et de génie, à se racheter ; mais nullement que la théorie du libre-échange soit une vérité, bien moins encore que ce vaste système d’importation et d’exportation puisse faire la félicité d’un peuple. Tout au contraire, il est prouvé, par l’exemple de l’Angleterre et de la Belgique, que si le commerce et l’industrie d’exportation sont pour un certain nombre de capitalistes et d’entrepreneurs, la source des grandes et rapides fortunes, c’est en même temps pour les masses ouvrières, la cause des plus profondes misères et de la plus irrémédiable servitude.

III. — Quelques mots encore sur ce sujet, et je termine.

Le libre-échange, de même que le libre travail, la libre concurrence, et une foule d’autres choses qu’il est de mode aujourd’hui, dans un certain monde, de qualifier libres, peut se prendre en deux sens fort différents. Ou bien, il s’agit, en effet, d’une liberté de commerce entourée de toutes les garanties de sincérité, de mutualité et d’égalité que réclame le droit économique, et dont nous avons parlé précédemment dans la deuxième partie de ce travail ; dans ce cas, il est clair que la liberté des échanges ainsi pratiquée ne peut être que loyale, utile, féconde, absolument irréprochable ; il est à peine besoin d’ajouter que