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L’administration triomphe de ces chiffres : elle ne paraît pas se douter qu’ils sont, au point de vue des principes, la condamnation du traité de commerce. Notez pourtant que les Anglais continuent, plus que jamais, de s’applaudir des bons effets de ce traité. Sans doute que, plus raisonnables que nous ne sommes, ils ne tiennent pas à avoir la balance favorable, bien moins encore à jouir de la réciprocité. Notez de plus que c’est juste au moment où, d’après les comptes-rendus officiels de la douane, les espèces métalliques devraient nous rentrer par centaines de millions, que nous sommes en proie à cette crise financière qui ébranle le monde économique jusqu’en ses fondements. Mais je tiens l’administration véridique : que répliquerait-elle à M. Pouyer-Quertier, si revenant à la charge, il lui tenait ce discours :

« Ah ! nous n’en sommes donc plus à la théorie du libre-échange, puisque nous nous réjouissons de si bon cœur, en vrais protectionnistes que nous sommes, de ce que la balance est pour nous. Eh bien, raisonnons dans cet ordre d’idées, dont le Gouvernement de l’Empereur eût bien fait de ne s’écarter jamais, et poussons le raisonnement jusqu’à sa dernière conséquence.

« Pour arriver à ces totaux formidables, 2 milliards 622 millions de marchandises exportées, contre 2 milliards 367 millions de marchandises importées, en tout 4 milliards 989 millions d’échanges ; — pour soutenir aussi vaillamment la concurrence britannique, comme vous aimez à vous en vanter vous-mêmes, comment nous y sommes-nous pris ? C’est ce qu’il importe actuellement d’éclaircir.