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gagée des déclamations qui l’obstruent, la théorie du libre-échange. Elle n’est ni moins ni plus que ce que je viens de dire, et elle ne saurait être ni moins ni plus : puisque si elle faisait la moindre réserve contre la liberté absolue de l’individu en faveur de la garantie sociale, nationale, la théorie n’existerait plus.

Le libre-échange, même sans réciprocité, entendez-vous ? c’est-à-dire avec toutes les inégalités que la nature et la fortune, le capital et l’indigence, la civilisation et la barbarie, ont accumulées entre les hommes. Certes, je ne puis croire que MM. Bright et Cobden, dans leurs conférences avec Napoléon III, aient poussé jusque-là leur principe. Sans réciprocité ! il y avait de quoi soulever dix fois le bon sens impérial.

J’ai prévenu que je n’entrerais pas dans une discussion longuement développée du libre-échange : le but que je me propose en ce moment n’est pas celui-là. Je me borne, après avoir résumé en une page cette fameuse théorie, à indiquer aussi sommairement les éléments de sa réfutation.

La théorie libre-échangiste, considérée dans sa formule philosophique, est aujourd’hui fort répandue, elle règne autre part encore que dans l’économie politique, et tend à se substituer partout où elle se produit aux principes de la Morale, du Droit et de l’Art même. Cette théorie, radicalement fausse, est la même que celle si connue et si discréditée, que celle de l’Art pour l’Art, l’Amour pour l’Amour, le Plaisir pour le Plaisir, la Guerre pour la Guerre, le Gouvernement pour le Gouvernement, etc., toutes formules qui, faisant abstraction de la morale, de la science, du