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au contraire, c’est la famille elle-même qui réclame le service de l’enfant, et qui la première exerce sur lui ce système d’exploitation que d’autres continueront à sa suite, et qui ne finira qu’avec la vie du sujet. La conséquence, c’est que l’école est abandonnée le plus tôt possible, bien longtemps avant que le jeune homme ait meublé son intelligence, souvent même qu’on ne la fréquente pas du tout ; c’est en second lieu qu’on choisit les métiers les plus élémentaires, ceux qui n’exigent presque pas d’apprentissage, souvent même, comme pour l’école, qu’on s’abstient d’acquérir une profession. Pas plus d’industrie que de littérature, misère sur misère.

Il faudrait donc, d’après le principe de l’enseignement gratuit et obligatoire, que l’État se substituant à la famille pauvre se chargeât de tous les frais d’éducation des enfants ; que de plus, dans les cas non rares où la famille tire quelque service de l’enfant, l’État servît aux parents une indemnité. Supposez le nombre des enfants pauvres, dont les parents sont dans l’incapacité absolue de faire les frais d’une éducation quelconque, seulement de un million, à cinquante-cinq centimes par tête et par jour, ce sera donc une somme de plus de 200 millions par an qu’il en coûtera à l’État. Où en sommes-nous ? Mais cette dépense sera beaucoup plus considérable : car si sur huit millions d’enfants de sept à dix-huit ans, nous n’en supposons qu’un million dans une complète indigence, il s’en faut de beaucoup que les sept autres millions puissent, avec les seules ressources de leurs parents, recevoir l’éducation complète, telle que la demande et a droit de l’obtenir la Démocratie ouvrière ; j’ose dire que le huitième à peine, un million,