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Supposons cette belle unité française divisée en trente-six souverainetés, d’une étendue moyenne de 6,000 kilomètres carrés, et d’un million d’habitants. Supposons en chacun de ces trente-six États, le Pouvoir réduit à ses attributions essentielles, le budget ramené à ses justes limites, le même principe gouvernant à la fois l’ordre politique et l’ordre économique, la société, organisée selon la loi de mutualité, en harmonie avec le Gouvernement régi lui-même par le principe fédératif ; au-dessus des États confédérés un Conseil suprême, presque sans attributions administratives et juridiques, disposant d’un budget minime ; dont le mandat serait surtout de protéger à la fois, en chaque État, les citoyens contre les usurpations locales, et les Gouvernements locaux contre l’insolence des factions, pendant que lui-même serait garanti par la convention de tous les États. Aussitôt tout change, comme une décoration de théâtre. D’abord la centralisation, principe de discorde, son Pouvoir, ses richesses, sa gloire n’éveillent plus l’ambition de personne. Tout-puissant pour protéger et se défendre, puisqu’il est l’organe de la Confédération, le Pouvoir central est incapable d’usurpation et de conquête. Il n’a pas même de territoire à lui. Que lui peuvent dès lors les partis ? Que lui voudraient-ils ? que leur rapporterait-il ? La puissance d’attaque diminue donc ici comme le carré de la surface offerte pour point de mire ; la liberté elle-même se désintéresse d’une semblable guerre, et tout en conservant ses prérogatives, tout en exerçant ses droits, devient plus amie ; la presse, entourée d’institutions mutuellistes, ayant perdu ces dimensions énormes que lui avait données la centralisation, se mora-